En 2017, à l’initiative du GDA Sidi Amor et avec la participation des acteurs locaux, un projet de réhabilitation du mausolée de Sidi Amor Boukhtioua et de ses environs est lancé.
Un lieu historique en danger
Sidi Amor Boukhtioua est un saint homme originaire de Marrakech, il s’installa et vécu en Tunisie au cours du XIVème siècle. Le mausolée où il repose aujourd’hui fut érigé au sommet de la colline du Djebel Sidi Amor. Construit dans le style architectural traditionnel avec sa façade dépouillée, ses faïences et sa cour intérieure, le lieu témoigne d’une histoire spirituelle et culturelle très riche. Au début du XXème siècle, l’endroit était encore très fréquenté par les pèlerins et les voyageurs.
Cependant, depuis plusieurs années le délaissement, le manque d’entretien et l’urbanisation ont mis en péril le mausolée et son environnement. Les lieux sont dans un état critique de délabrement et de décrépitude, l’urbanisation tentaculaire aux alentours du site menace de détruire la forêt, sa biodiversité et ses ressources. Face à ces risques il devenait urgent d’agir.
Le développement d’un projet de réhabilitation
En 2017 à l’initiative du GDA et en partenariat avec les collectivités locales une campagne de réflexion, de sensibilisation et d’actions pour la réhabilitation de la forêt du Djebel Sidi Amor est lancée. Dans le cadre de cette campagne, le projet de réhabilitation du mausolée Sidi Amor Boukhtioua va peu à peu se développer. La nécessité d’agir au plus vite pour sauver le lieu et son patrimoine détermine le GDA à lancer une réflexion d’ampleur sur la question.
L’association va s’appliquer tout d’abord à réunir autour du projet les collectivités locales (conseil municipal de Raoued), les organismes publics (CRDA, FAO, Direction générale des forêts), des acteurs internationaux (Ambassade du Maroc), des bailleurs de fond tels que la Banque Mondiale et même des partenaires scientifiques. La réunion de tous ces acteurs permettra ensuite l’élaboration d’un projet concret adapté aux contraintes du site et de son environnement et de répondre à ses enjeux environnementaux et sociaux.
Au printemps 2018, en partenariat avec les organismes publics tunisiens, la conclusion d’une mission du HCEFLD marocain (Haut-Commissariat aux Eaux Et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification) mobilisé par l‘Ambassade marocaine au bénéfice du GDA et en partenariat avec les organismes publics tunisiens permet d’arrêter les grandes lignes du projet. L’idée de créer un jardin marocain à l’intérieur du mausolée et un parc forestier récréatif aux alentours se développe et s’impose peu à peu. Dorénavant la phase d’actions peut débuter.
Le 4 novembre 2018, une journée de découverte du mausolée et de son environnement est organisée par le conseil municipal de la ville de Raoued secondé par le GDA. Par ces acitivités, les riverains découvrent le site, son état de délabrement critique, les décharges sauvages qui l’envahissent, la dégradation de la forêt et de la biodiversité environnante. Mais cet évènement est avant tout l’occasion pour tous de prendre conscience de la valeur historique et culturelle des lieux. Cette visite met en exergue le potentiel écotouristique de la forêt ainsi que la nécessité de mettre en œuvre un plan de conservation et de protection.
Dans la continuité de cette visite est organisée le 11 novembre 2018 une journée d’actions concrètes de nettoyage, de reboisement, d’entretien du site et de ses environs. Par ces activités, les riverains, secondés par les bénévoles, posent la première pierre du projet de réhabilitation du mausolée.
Une fois le projet lancé, sa réussite dépendra,d’une part, de l’implication de toutes les parties concernées, et d’autre part, des moyens mis en œuvre pour atteindre les objectifs fixés. Dans cette optique la question du financement est cruciale. Par le passé, les projets conçus et mis en œuvre par le GDA dans le domaine du développement durable, de l’écologie ou encore de la préservation de la biodiversité lui ont permis de nouer des relations de travail et d’amitiés très fortes avec des acteurs internationaux de premier ordre. Aujourd’hui l’association propose de mettre son carnet d’adresses au service de cette entreprise en faisant la promotion du projet auprès d’organismes susceptibles d’apporter un soutien humain et financier. Pour cela, le 24 novembre 2018 MM. Taoufiq Bennouna de la Banque Mondiale et Mohamed Bengoumi de la FAO sont invités à visiter la forêt et le mausolée.
Le parc forestier : vecteur d’innovation et de développement local
L’idée de créer un jardin marocain autour du mausolée apparait très tôt dans le processus de réflexion initié autour du projet par le GDA. Le jardin marocain est l’héritier des jardins islamiques d’inspiration perse et byzantine que l’on retrouve partout en Orient. La présence d’arbres, de fleurs et d’eau sollicite les sens du visiteur et crée une niche de biodiversité. En outre, un tel espace s’adapterait parfaitement à l’harmonie du lieu, tout en rappelant au visiteur l’histoire et les origines de celui qui y repose aujourd’hui.
La réhabilitation du mausolée ne peut être achevée que dans la mesure où l’environnement direct du site est lui aussi protégé des dégradations. Pour répondre à cet impératif, le projet actuel prévoit la création d’un vaste parc forestier récréatif. La création de cet espace constitue une opportunité inédite pour la collectivité locale de bénéficier du savoir-faire acquis et perfectionné au cours des années par les bénévoles de l’association. La restauration d’un espace forestier dégradé passe par une exploitation judicieuse des caractéristiques de son environnement. Ainsi, à titre d’exemple, les carrières de pierre qui environnent le site pourront à terme être réhabilitées et devenir un lieu privilégié de protection et d’accroissement de la biodiversité régionale.
Enfin, il importe de dire qu’un principe essentiel guide l’exécution de cette vaste entreprise : celui d’une participation maximum de la communauté locale au projet. Très souvent, le patrimoine constitue un atout important pour le développement économique des collectivités locales. Les activités liées à la gestion du patrimoine culturel et naturel sont locales par définition. En outre le patrimoine est essentiel pour le bien-être spirituel des personnes grâce à sa dimension symbolique très puissante. La reconnaissance et la conservation de la diversité du patrimoine culturel et naturel, un accès juste et le partage équitable des avantages découlant de son utilisation, permettent à terme de renforcer le sentiment d’identité et d’appartenance des populations locales et ainsi de contribuer à leur développement.