Stratégies de gestion individuelle de la salinité dans le périmètre irrigué du Bas Cheliff
Résumé — Dans cet article, l’unité d’étude est le périmètre de Ouarizane, une entité homogène de 6 000 ha à l’intérieur du périmètre irrigué du Bas Cheliff. On y décrit les pratiques de gestion de la salinité et on tente de comprendre les modes d’adaptation des agriculteurs. Des enquêtes réalisées sur une quarantaine d’exploitations agricoles ont permis de distinguer cinq classes selon les cultures. On montre que les agriculteurs adaptent les cultures au niveau de salinité : agrumes, oliviers, grenadiers et autres cultures dites sensibles en amont, dans les parcelles peu salées, et artichauts et cucurbitacées en aval, dans les zones plus salées. Des modes de gestion individuels de la salinité ont été identifiés : choix par les locataires de parcelles non salées, rotation céréales - artichaut – melon pour les maraîchers, introduction de variétés d’artichaut importées, etc. La confrontation des enquêtes aux mesures (CE, SAR, pH) a permis de conclure à une perception différenciée de la salinité : les agriculteurs situés à l’aval, qui sont plus directement concernés par les effets des sels, ont développé des stratégies collectives de choix variétal d’artichaut, de pompage et d’encadrement technique alors que ceux de l’amont n’ont pas encore réagi aux effets du remplacement de l’eau de surface par l’eau souterraine.